«Nos enfants écouteront-ils exclusivement des playlists ?» se demande Mathieu Pinaud, directeur promo pour le label Pias. Il a un élément de réponse au quotidien, puisque son fils de 9 ans écoute exclusivement de la musique sur sa playlist personnelle. «Mais peut-être qu’ado, il aura envie d’explorer l’univers d’un artiste», tempère-t-il. Pour l’heure, il lui paraît en tout cas précipité d’annoncer la mort de l’album, format somme toute relativement jeune.
Si le 33-tours, support permettant de réunir plusieurs morceaux sur un même disque, a officiellement été inventé en 1948, le concept de l’album − envisagé comme une œuvre en elle-même et non une simple collection de singles − n’est véritablement apparu qu’au milieu des années 1960, porté par des artistes comme les Beatles ou Bob Dylan. Il deviendra vite un passage obligé dans les carrières musicales. Une importance que l’arrivée du CD, dans les années 1980, renforcera, avec une capacité de stockage plus importante. Mais à l’heure du streaming et des morceaux à l’unité, ce format a-t-il encore une raison d’être ? Au sein de l’industrie musicale, la question revient régulièrement, alimentée par les données des plateformes de streaming et quelques études (Music Business Association en 2016, Deezer en 2019 et 2020) laissant entendre un désintérêt croissant de la part du public pour l’écoute d’albums, plébiscitant à sa place les playlists, nouveau format roi. Néanmoins, pour l’heure, personne ne semble avoir d’avis