Elle parle de son disque comme d’une «petite maison dans laquelle vous pourrez imaginer les saisons passer et dans laquelle vous pourrez vous reposer», mais elle n’a pas précisé qu’il s’agit d’une étrange cabane vivante aux murs poreux, qui laissent traverser le froid et toute la crudité des paysages. Un an après ses Consolations douces-amères, Pomme offre la première moitié d’un album aux allures de zodiaque, qui comportera à terme autant de titres que de mois. Ce ne sont pas les Saisons de Tchaïkovski, avec leurs scènes de genre et leurs contrastes violents. Ici, les limites sont fluides et septembre mène à février dans un même souffle. Avec la participation de Flavien Berger et celle d’Aaron Dessner (The National), Claire Pommet a confectionné là un genre de petite opérette hivernale éthérée, assumant comme toujours sa fragilité, capable de faire porter loin une voix qui semble ne chanter que pour elle-même et de détourner les grands moyens (Dessner, coproducteur de la machine de guerre Taylor Swift ; un orchestre symphonique, dirigé par Malvina Meinier, qui signe aussi les arrangements) au service d’une aquarelle délicate.