«Ça y est, je rentre dans la phase où je regarde compulsivement la météo de ce week-end.» Alors que la troisième édition du Grünt Festival doit se tenir au parc de la Bergère à Bobigny vendredi 20 et samedi 21 septembre, son cofondateur Jean Morel commence à être pris des exacts mêmes tics habitant chaque acteur de la musique désireux d’organiser un événement en plein air. 20 000 personnes y sont attendues, contre 7 000 l’an passé et 3 500 la première année. Une fréquentation rendue possible par l’éclosion d’une culture festivalière au sein du public rap, pourtant presque inexistante il y a encore dix ans. Certes, de nombreuses manifestations, souvent dans de grandes villes ou villes moyennes, existaient dès les années 90, ais à l’air libre et sur plusieurs jours, qui plus est hors d’un cadre strictement urbain, c’est nouveau.
Le tournant est à situer à la fin des années 2010 lorsque le rap, première musique en France, est devenu l’esthétique musicale exclusive du festival belge les Ardentes, implanté à Liège. Son programmateur, Jean-Yves Reumont, se souvient d’une transition complexe. «On n’arrivait pas à sortir de la masse des festivals généralistes, comme si on avait atteint un plafond de verre. Quand on essayait de toucher des médias français, ils nous répondaient : “C’est sympa votre truc, mais des événements comme ça, on en a 35.” On s’est alors dit que cette scène rap était à creuser. L’année qui marque ce changement, c’est 2015, et elle n’a pas été fa