«Cette ville se transforme en ville fantôme /Tous les clubs ont fermé» : The Specials, Ghost Town (1981). Plus de quarante ans après, les paroles du single du groupe de Coventry sonnent d’une actualité troublante et prennent des accents prophétiques. L’industrie de la musique britannique traverse en effet une crise d’une gravité inédite et dont les répercussions risquent de remettre en cause la position privilégiée qu’elle occupe depuis l’époque glorieuse de la British Invasion (Beatles, Rolling Stones, etc.), il y a soixante ans.
Les chiffres du dernier rapport annuel de l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI) se révèlent pourtant réjouissants puisque le marché de la musique enregistrée a progressé de 8,1 % au Royaume-Uni l’année dernière, le territoire caracolant à la troisième position mondiale derrière les Etats-Unis et le Japon (la France est sixième). Le live se distingue aussi par sa santé à première vue insolente : sa contribution à l’économie britannique s’est en effet élevée à 7,32 milliards d’euros l’année dernière selon Live, une fédération qui rassemble quinze associations professionnelles. Cette somme faramineuse cache pourtant une réalité bien moins