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Qui est Lee Greenwood, chanteur country et mascotte des républicains aux Etats-Unis ?

Élections américaines de 2024dossier
Les musiques patriotiques du chanteur de 82 ans en ont fait une star auprès des républicains depuis les années 80. Chantre des campagnes présidentielles, dont celle de George Bush père, il célèbre désormais Donald Trump.
L'auteur-compositeur-interprète américain Lee Greenwood, 82 ans, au côté de Donald Trump, 78 ans, lors d'une réunion religieuse à Concord, en Caroline du Nord, le 21 octobre 2024. (Brian Snyder/REUTERS)
publié le 6 novembre 2024 à 17h40
(mis à jour le 6 novembre 2024 à 17h41)

Lee Greenwood chérit une certaine idée de l’Amérique, ce pays où le chanteur de country se sent libre et joyeux, sous les bonnes étoiles de son drapeau. Il célèbre dans ses morceaux cet amour patriotique qui portent aux nues une véritable image d’Epinal. Au point que le plus célèbre d’entre eux, God Bless the USA, est devenue depuis plusieurs décennies la bande-son du Parti républicain. Ce cantique idéalise cette contrée où il fait bon vivre, «des lacs du Minnesota /aux collines du Tennessee».

Donald Trump, qui a remporté ce mercredi 6 novembre la présidentielle américaine, a diffusé à chaque meeting de sa campagne électorale God Bless the USA. Le chanteur de country, lui, incitait mardi ses fans à voter pour le candidat républicain. Quelques heures après l’annonce des résultats, il s’est enthousiasmé sur X tout en majuscules, comme son champion : «QUE DIEU BENISSE L’AMERIQUE.»

Dévotion chrétienne

Né en 1942 en Californie, Lee Greenwood intègre le chœur d’une église à l’âge de 7 ans. A tout juste 20 ans, il fonde son premier groupe, The Apollos, et écume les casinos de Las Vegas. Une signature chez un premier label, des disques et quelques jobs alimentaires plus tard, sa carrière prend véritablement son essor. Il signe un contrat auprès du prestigieux label MCA au début des années 80, et sort dans la foulée plusieurs albums à succès dans lesquels il exalte ses valeurs conservatrices.

Fervent républicain, il y fait l’éloge de l’Amérique, chante des élégies amères sur le mariage (Ring on Her Finger, Time on Her Hands, It Turns Me Inside Out) et témoigne de sa dévotion chrétienne dans des chants aux airs apocalyptiques (The Battle Hymn of the Republic).

Dans un élan «charitable», Lee Greenwood décide de publier en 2021 une bible de son cru, pour rendre hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001. L’ouvrage, qui arbore la bannière étoilée en couverture, contient un extrait manuscrit de sa chanson God Bless USA, de quoi aider à fredonner l’hymne entre deux prières. Vendue à 60 dollars, elle est la seule bible approuvée par Donald Trump, assure le site internet qui la commercialise. Une édition spéciale a même été réalisée en l’honneur de l’attentat raté contre l’ex-candidat républicain et s’intitule, en toute simplicité : «Le jour où Dieu est intervenu.» Pour 1 000 dollars, il est même possible d’avoir une bible signée de la main de Trump.

Mascotte républicaine

Son principal succès reste tout de même God Bless the USA, qu’il dit avoir «écrit au fond d’un bus durant sa tournée» et qui paraît en 1984. La chanson est certifiée platine (vendue à plus d’un million d’exemplaires) et atteint à sa sortie la septième place du classement Billboard des musiques country les plus écoutées du pays. Quelques années plus tard, elle le fait donc basculer dans le monde de la politique.

Le single est choisi pour animer la Convention nationale des Républicains en 1988, et accompagne le discours de Ronald Reagan. L’événement fait de Lee Greenwood la mascotte des conservateurs. Sa musique accompagne les meetings du candidat républicain George H.W. Bush la même année, puis est diffusée pour galvaniser les soldats en route pour la première guerre du Golfe en 1991.

Bénir tout le monde

Depuis dix ans, c’est au tour de Donald Trump de s’appropier le titre God Bless the USA, qu’il diffuse lors de tous ses meetings. «J’étais loin de me douter, il y a quarante ans, que ma chanson jouerait un rôle clé dans une campagne présidentielle aussi historique. Au président Trump et à ses millions de partisans, merci !» s’est réjoui Lee Greenwood mardi sur ses réseaux sociaux.

L’ardent défenseur des idées du candidat républicain – dans un podcast YouTube, il déplorait ainsi il y a quelques mois le fait qu’«aucun gouvernement [américain] n’ait jamais fermé les frontières à la Chine, à l’Iran, aux organisations terroristes du Mexique» – a même accompagné ce dernier lors de déplacements de campagne, malgré ses 82 ans, pour interpréter lui-même sa chanson.

Comme Trump, le grand patriote est aussi un businessman. Comme l’a rappelé l’humoriste britannique John Oliver dans son show sur HBO il y a une semaine, Lee Greenwood a sorti en 1989 un single intitulé… God Bless You Canada. Les paroles de la chanson y sont presque identiques, à une exception près : il y célèbre cette fois «Montréal» et «Winnipeg». Si le patriote défend son pays, l’argent, lui, n’a pas de frontières.