L’air est encore vif, fin juillet, quand Raphaël Cendo nous retrouve sur la butte Montmartre, théâtre il y a cent cinquante ans d’un soulèvement populaire et d’une utopie sociale ayant vu des ouvriers gérer leurs ateliers de production, l’école devenir laïque et obligatoire, et des hommes et des femmes prendre une part égale au débat public. Le lieu n’est pas anodin pour le compositeur presque quinquagénaire qui participa à Génération chaos II, une aventure théâtrale et politique menée par Marc’O, avant de se faire un nom durant son cursus à l’Institut de recherche et coordination acoustique /musique (Ircam) en cofondant la «musique saturée». Un intitulé qui pouvait faire sourire ceux qui avaient déjà expérimenté la saturation acoustique aussi bien en termes de volume sonore que de modes de jeu extrêmes, avec le free jazz, le punk hardcore ou certaines œuvres de Xenakis et de Lachenmann.
Vortex de sons de synthèse
Reste que dans l’antre du boulézisme, le mot comme la chose détonnaient. «L’Ensemble Ictus m’avait passé une commande pour voix de basse sur des textes de l’Apocalypse de Jean, et Pierre Boulez m’avait demandé s’il pouvait assister à la générale. Il a écouté sans broncher ces quarante minutes de thrash metal puis s’est levé, est passé devant