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Libération
Casque t'écoutes?

Rashid Masharawi : «Depuis mes treize ans je peins en musique avec Fayrouz»

Rashid Masharawi, cinéaste, dévoile ses goûts musicaux à «Libération».
«Songe», le nouveau film du réalisateur palestinien Rashid Masharawi sera sur les écrans le 2 avril. (Khaled Desouki/AFP)
publié le 29 mars 2025 à 17h51

Le cinéaste palestinien est l’invité des Panoramas des Cinémas du Maghreb et du Moyen Orient du 1er au 14 avril en Seine-Saint-Denis, On y verra From Ground Zero, œuvre collective rassemblant 22 courts métrages tournés à Gaza après le 7 octobre 2023 qu’il a initiée et supervisée, ainsi que son dernier film Songe, sur les écrans le 2 avril.

Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent ?

Un album de Marcel Khalifé, un compositeur et chanteur libanais, en cassette. Il a notamment composé la musique de beaucoup de chansons de Mahmoud Darwish.

Votre moyen préféré pour écouter de la musique ?

Tous les moyens sont bons.

Le dernier disque que vous avez acheté et sous quel format ?

Ce n’était pas pour moi, c’était pour offrir à un ami iranien, un album de Umm Kulthum, dont certains des compositeurs avec qui elle travaillait étaient Iraniens.

Où préférez-vous écouter de la musique ?

En voiture, pendant des heures, je peux écouter de la musique, surtout quand je fais des longs voyages et avec des amis, on peut écouter et chanter tout au long de la route.

Un disque favori pour commencer la journée ?

Fayrouz, la chanteuse libanaise, au réveil tous les matins, n’importe laquelle de ses chansons, sauf depuis le début de cette guerre à Gaza.

La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?

Aucune. Ce serait une honte d’écouter sans prendre plaisir.

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?

La musique que les Européens considèrent comme un classique arabe, alors que ce sont des clichés, des chansons populaires pour les mariages et autres fêtes.

Le disque pour survivre sur une île déserte ?

Najat Al Shaghira, pour traiter les peines quotidiennes. Je lui ai écrit une lettre où je commençais par la complimenter car si l’école et la famille nous apprenaient des choses essentielles, elle, nous apprenait des choses bien plus essentielles comme l’amour, la vie, les émotions. Elle était meilleure que l’école et nos parents. Puis je la blâmais car, au moment de quitter Gaza pour la première fois et pour une longue période, j’avais emporté des tonnes de cassettes, dont toutes celles que j’avais d’elle. Mais aux contrôles, les soldats israéliens ont trouvé cela bizarre et ont tout passé au peigne fin pour finalement m’amener directement à l’avion où tout le monde m’attendait.

Votre plus beau souvenir de concert ?

En rêve. Depuis mes 13 ans je peins en musique avec Fayrouz. Les voisins, mes parents n’en pouvaient plus. J’ai fini par croire qu’elle me connaissait aussi. Un jour, j’ai rêvé que j’allais à l’un de ses concerts, à Paris. Il y avait beaucoup de monde et je pensais qu’elle me reconnaîtrait, Je pensais qu’on se sauterait dans les bras. Mais rien de tout cela. J’avais beau chercher son attention, rien. Alors j’ai quitté le concert pour retrouver ma Fayrouz, celle de mes cassettes, celle qui me connaissait.

Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique ou n’allez-vous jamais en club ?

Jamais. J’ai un rapport trop intime à la musique, elle te regarde dans les yeux pour voir ton cœur.

Votre musique de film préférée ?

Celles de Charlie Chaplin et notamment celle des Temps modernes.

Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?

Fayrouz, la chanteuse libanaise, avec le café du matin (wahdon).

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?

Trio Joubran, les trois frères palestiniens. Je les ai même filmés à Ramalah jouant ce morceau Masar.

La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?

Pas toujours mais elle est triste pour moi, C’est une chanson de Fayrouz, Ma Fi Hada.

Quelles sont vos trois chansons fétiches ?

Charles Aznavour, la Bohême (1965). Fayrouz, Konna Netlaka (1974). Najat Al Shaghira, Owsfoli al hob (1977).