Alors que le festival Supernova était sous le feu du Hamas, le duo israélien Red Axes mettait la dernière touche à la promotion de son quatrième album One More City. En une journée, tout s’est effondré. Fers de lance depuis le début des années 2010 de la scène électronique de Tel-Aviv, ville insouciante loin des colons de Cisjordanie ou des religieux de Jérusalem, Dori Sadovnik et Niv Arzi ont dû composer avec leur nouvelle réalité, pleurant leurs amis disparus dans le désert du Néguev et militant ardemment pour le retour des otages. La question de ne pas publier One More City s’est posée, mais le duo était décidé à le sortir, espérant laisser une trace «positive» en ces temps troublés.

En dignes représentants du bouillonnement de «la ville qui ne dort jamais», les deux Red Axes, qui jouent ensemble depuis leurs 14 ans, ne sont jamais là où on les attend. Pour ces auteurs de maxis dancefloor ravageurs, chaque album est l’occasion de revêtir une nouvelle peau. Cold wave à leurs débuts, psyché ensuite, les voilà qu’ils se souviennent de leurs années d’éducation musicale et s’emparent à nouveau de leurs guitares. Leur palette sonore, qui évoluait quelque part entre disco tordu, house, post-punk et lignes de basses charnues, semble désormais dériver lentement loin des dancefloors, assemblant toutes leurs influences, du goth en passant par la techno et le minimalisme, pour aboutir à un album qui s’amuse à constamment brouiller les pistes, entre rock électronique musclé, pop, folk psychédélique, surf music (l’étonnant In The Eyes) et mille autres choses indéfinissables (Kid Caffeine, Hey, Goodbye Mary). Mais ce «balagan» (bordel en hébreu) reste cohérent de bout en bout : malgré la présence d’invités en provenance d’univers multiples (Clams Baker des frappadingues post-punk londoniens Warmduscher, le vétéran de la house new-yorkaise Justin Strauss, Cole Alexander des Black Lips…), tout s’enchaîne naturellement, lié par les cerveaux fantasques de Dori et Niv. C’est la pagaille, mais elle a sa logique.

La compilation du festival organisé par le label fondé par Red Axes «quelque part dans le désert israélien», entre rock de cave, bidouillages et psychédélisme.

Un hommage électronique aux musiques populaires israéliennes à coup d’italo-disco, de house et de funk électronique, le tout chanté en hébreu. Un ovni.

Deux frères russes installés à Tel-Aviv, qui passent leur passion pour la musique psychédélique à la sauce électronique. Timbré et réjouissant.