Kali Malone nous a donné rendez-vous dans une église. Celle du Saint-Esprit de Paris, sise à deux pas de Daumesnil (XIIe arrondissement), où la compositrice et organiste américaine travaille en vue des deux concerts qu’elle y donnera les 2 et 3 septembre. Mais une fois terminée la session photo, et la visite du déambulatoire où se niche la console de l’orgue, Malone nous enjoint à prendre la poudre d’escampette pour l’entretien – et aller s’installer dans un café à proximité. Loin d’elle l’idée de nous subjuguer par l’atmosphère spirituelle de l’édifice, monumentale bâtisse en béton dont on conseille en passant la visite aux Parisiens qui n’y seraient jamais entrés.
Les églises, l’Américaine n’y travaille et ne s’y produit que pour l’instrument qu’elle a fait central dans son œuvre, et qu’on y trouve traditionnellement. Elle a beau être à l’avant-poste du renouveau de la musique composée pour le plus imposant des instruments à vent, elle est une artiste profondément profane, très peu intéressée par la mystique et la piété qu’on associe par réflexe à la musique créée pour lui à travers les siècles de domination culturelle de la chrétienté en Occident. «Les églises n’ont jamais fait partie de ma vie. En grandissant, j’ai beaucoup pratiqué la musique classique et romantique. Quand j’ai commencé à travailler avec l’orgue, ça n’était