«Je me fous de comment tu chantes, tout ce qui m’intéresse c’est que tout le monde ait envie de te baiser». C’est sous ce prétexte aussi déplacé que violent que Flore Benguigui a été virée du groupe avec lequel elle fait ses premiers pas sur une scène de musique actuelle il y a dix ans. «C’est malheureux mais la séduction fait partie de la place des chanteuses dans cette industrie», regrette celle qui s’épanouit désormais au sein de L’Impératrice. «Tu dois incarner une espèce d’objet passif de désir, donner du plaisir au public, parfois au détriment de ce dont toi tu as envie.»
La bassiste-chanteuse Géraldine Baux avait tout juste quatorze ans quand elle a monté The Dodoz (rebaptisé par la suite Las Aves) avec les garçons musiciens de son collège. Elle raconte le rapport difficile qu’elle entretenait avec son corps et son apparence, et le sentiment de solitude et d’aliénation éprouvé parce qu’elle était entourée d’hommes. «Soit tu mincis et tu deviens bonne, soit tu grossis et tu deviens un personnage. C’est un peu ce qui résume les attentes que la profession faisait peser sur moi», dit-elle.
Si la question du statut des femmes dans les groupes de musique a considérablement évolué à la faveur de la révolution #MeToo, le chemin a été long.<