La découverte
Il faut faire abstraction de ce curieux choix de nom accordé au féminin par ces deux garçons. Dépasser, aussi, l’affiliation à The Artist, récent télécrochet cathodique du service public qu’ils ont remporté malgré le désintérêt du public pour le programme. Mieux vaut saluer leurs chansons qui déroulent une impressionnante élasticité, en hybridant séduction immédiate et intelligence du propos, énergie juvénile et mélancolie solaire. Rouquine, donc, tandem de chanson-electro composé de Sébastien Rousselet et Nino Vella. Complices déjà au temps de Babel, groupe qui a dressé son édifice au début de la précédente décennie jusqu’à l’effondrement il y a trois ans. Capables aussi, séparément, de propager leur savoir-faire à la musique des autres. On a vu Nino Vella, pianiste d’Yseult et Igit, on l’entendra bientôt derrière Juliette Armanet et Véronique Sanson. A lui ici, la solide matière architecturale et les ritournelles flatteuses. A son comparse Sébastien Rousselet, la subtilité de l’angle, l’écriture tranchante, frontale, brillante. Un peu comme si Orelsan et Renaud convolaient. A l’un et l’autre, la touche vocale basée sur une sorte de featuring à reliefs. Sur ce premier EP, Rouquine cause de sentiments algorithmés (Cyborg), dépose une lettre d’amour narquoise (Les enfants sont des enfoirés). Et livre surtout une chanson d’éternité tubesque, avec cette plongée dans les dernières vingt-quatre heures d’un type condamné par la maladie (Mortel). Raremen