Timothée Reigner, colosse à voix d’argile, Breton anglophile exilé à Bruxelles, est un habitué des chocs thermiques depuis un premier album qui le vit se dévoiler en 2012 sous le nom de Rover. Démarré «un jour de canicule dans une ancienne glacière bruxelloise», Eiskeller (Cave à glace en allemand) poursuit cette quête d’élévation en solitaire, par choix et non par contrainte conjoncturelle, que le moins éblouissant Let it Glow (2015) avait passablement ombragée.
Ballet des vents
Choc thermique, donc, comme Rover l’explique lui-même, car le lieu choisi avait l’allure d’une cathédrale industrielle engloutie, d’ailleurs démolie dès l’enregistrement terminé, que ses instruments se sont chargés de prendre en écharpe et d’habiter de leur puissance réconfortante. La voix comme une pluie d’étoiles à la Robert Wyatt, la mélodie vallonnée de To This Tree donne le ton d’un disque recueilli, cérémonial, où le ballet des vents tournoie autour d’un piano et de rythmiques en léthargie. Rares sont les disques qui, lorsqu’on les écoute, procurent à ce point cette sensation qu’ils se construisent en direct, modèlent l’espace à mesure que les chansons s’avancent, s’insinuent à bas bruit dans la mémoire comme un envoûtement.
D’imposants fantômes à ses trousses
Rover ne cite pas abondamment Brian Wilson au