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Rowjay, rappeur québécois : «Je suis un caméléon»

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A l’occasion d’un concert parisien, rencontre avec le rappeur montréalais parmi les plus stimulants de la scène rap québécoise qui évoque son héritage familial et musical.
La connexion française de Rowjay s’établit dès 2014 grâce au producteur Myth Syzer qui repère le jeune rappeur canadien sur SoundCloud. (Raphael Nikiema)
publié le 15 septembre 2024 à 17h59

La nuit est tombée, on frôle les quatre heures de conversation et le débit de Rowjay ne faiblit pas, catalysé par un tout petit joint qui s’éteint sans arrêt entre deux blocs de logorrhée sur le rap contemporain, la gestion du Covid, le multiculturalisme, l’industrie musicale et autres considérations sur la vie de jeune entrepreneur. C’est dans un café branché rue Saint-Viateur que le rappeur montréalais nous a rencardée, en plein quartier du Mile End où voisinent hipsters et juifs orthodoxes. Artiste parmi les plus stimulants de la scène rap québécoise actuelle avec à son actif, en dix ans de carrière, une dizaine d’albums, mixtapes et EPs tous plus surprenants les uns que les autres, Rowjay ne vient pas de ce quartier-là mais de Saint-Léonard, où il vit toujours. «Un quartier d’immigration, explique-t-il, c’est là que finit par atterrir chaque nouvelle vague. Mon père est italien, il est arrivé ici en bateau à 4 ou 5 ans. Après il y a eu beaucoup de Portugais, de Polonais, d’Asiatiques, puis une vague haïtienne, des Algériens, des Marocains…» Cet environnement très mixte le catapulte dans le rap dès la petite enfance – «mes amis haïtiens n’écoutaient que ça» – et contribue à lui ouvrir l’esprit bien large : après sa scolarité «dans une école primaire où il y avait trois blancs par classe», il se retrouve au secondaire dans une école privée «avec six immigrés par cohorte. Ça m’a forgé à être capable de parler à n’importe qui ; je suis un camél