Elle se produit au moins trois fois à Paris en quelques jours, réside dans la capitale, a donné plusieurs entretiens par le passé, est une artiste passionnante à qui des centaines de questions pourraient être présentées. Pourtant, Sama’ Abdulhadi ne se laisse pas facilement apprivoiser par les journalistes. Pour interviewer la DJ palestinienne de 34 ans, il faut montrer patte blanche, faire fondre les réticences, négocier. Parce que ses équipes sont méfiantes. Cette demande d’interview débarque dans leur boîte mail alors que, presque simultanément, les images d’enfants palestiniens tués par des bombes font le tour des réseaux sociaux. Le contexte géopolitique refroidit évidemment les ardeurs, les menaces et insultes envers l’artiste quasi constantes depuis le 7 octobre 2023. Les questions prévues sont donc envoyées à l’avance, le téléphone réclamé comme seul intermédiaire, et l’enregistrement de l’entretien poliment exigé, comme la nécessité de posséder des preuves en cas de trahison.
Quelques jours plus tard, Sama’ Abdulhadi apparaît souriante sur l’écran de l’ordinateur, posée nonchalamment sur le canapé de son appartement parisien, clope au bec, longs cheveux bruns et décoiffés. La visioconférence a finalement été acceptée, et la DJ ne semble pas gênée de n’avoir reçu que quelques exemples de sujets à aborder au lieu des questions précises. «Il faut comprendre une chose, explique-t-elle. Quand tu es Palestinienne, tu l’es aux yeux d’absolument tout le monde. Si t