Un lundi matin d’automne, à la tombée de la vingtaine. Pomme vient de sortir Des excuses, single pop-folk out of the blue, sans album à l’horizon, tout à la fois adresse attristée à une génération d’aînés qui peine à se remettre en question – celle des bonshommes de label croisés sur la route – et une manière de mettre un point final à sa collaboration de longue date avec Universal. Pas suffisant pour faire l’événement discographique de l’année mais «il y a beaucoup à dire…» comme elle euphémise dans un café du XXe arrondissement de Paris. Avant de laisser libre cours à sa pensée, libre et précise, remontant le fil de ses dix premières années de carrière qui, au-delà de la musique, racontent le cheminement d’une certaine jeunesse pour trouver sa place.
Quand elle signe son contrat chez Polydor, Claire Pommet a 19 ans, un bac littéraire en poche, «l’envie de ne rien faire d’autre que de la musique» et des parents qui ne sont pas du milieu, mais la soutiennent, avec un accord aux airs de «privilège» assorti d’un compte à rebours : ils lui paient un studio de 16 m² et la jeune femme a deux ans pour gagner sa vie. Après avoir joué dans tous les bars de Lyon, cumulé des bouts de passage aux Trois Baudets à Paris et publié des vidéos de ses lives sur YouTube, elle rencontre un chef de projet chez Universal Music, qui lui propose un contrat, comme dans un rêve.
«Un truc gainsbourisant»
Le jour de la signature, son père l’accompagne. «L’autre jour, j’ai retrouvé les notes