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On y croit

Simony, la fureur de vaincre

Premier album coup de poing pour le rappeur et comédien parisien, aussi incendiaire en studio que sur scène.
Simony signe un premier album, «Origines: Euphoria», comme une houle sous ciel menaçant. (Antony Gomes)
publié le 12 novembre 2023 à 16h08

Repéré sur trois EP balèzes et nerveux −les morceaux Full Faya, Fight Club, A13 pouvant faire office de rattrapage express pour les retardataires− Simony continue de boxer à mains nues. Vainqueur par KO au cours du récent festival du MaMa, avec à la clé la quasi-promesse d’un agenda d’été chargé, le rappeur comédien de 26 ans descend ici en apnée dans les nappes phréatiques de sa conscience. Origines : Euphoria, premier album irrigué d’une irrésistible puissance de remuement et d’une impérieuse introspection brute. Comme une houle sous ciel menaçant, baignée par une lumière aux dégradés noirs, gris, blancs. Flow coriace et fiévreux, le Parisien s’adresse au plexus dans une intimité rare. En profondeur, en guincheur racé, en état d’urgence. L’écriture décapante charrie ainsi une franchise convulsive. Porte d’entrée enflammée, Kill Bill ouvre le précipice des humeurs ennemies : «Lunatique solaire, j’ai la colère céleste.»

C’est un album au voyage intérieur agité, rempli de balises personnelles, où le temps a servi de filtre, de gomme, de révélateur. Au cœur de cette lucidité intranquille, et pourtant frémissante de vie, surgissent des crochets à destination des fléaux de l’époque, des images frappantes (la Corde au cou), des punchlines sous couvert de collision de noms célèbres. Fidèle depuis le début de son projet aux Rabbits, producteurs à l’énergie futée mais dont l’identité est tenue secrète, Simony s’enfonce dans des dédales à la profondeur de champ asphyxiante. Messe noire exaltée (Tonnerre sous les tropiques), coups de boutoirs technoïdes (Bas les masques), electro à la massivité grondante (Ayahuasca) s’immiscent au milieu d’une mélodie au sécateur (Pow !), d’un hip-hop marseillais (le Fruit de ma peine) ou à la mélancolie insondable (Omerta). En concert, sa musique gagne encore en immédiateté physique tant la charismatique bestialité du garçon transforme la scène en ring. Comment alors ne pas valider son rôle majeur à venir dans la Cage, série Netflix de Franck Gastambide et incursion dans le monde du MMA ?

Simony Origines : Euphoria (3e Bureau)

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