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Critique

Slowthai : après la rage, l’éclaircie dans le fiel

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Avec «Tyron», son deuxième album, le rappeur britannique calme un peu son jeu pour se confier sur ses blessures, sa dépression, tout en restant acide sur la politique de son pays.
Le rappeur anglais Slowthai. (Crowns & Owls)
publié le 23 février 2021 à 23h00

Deux ans après son premier album, Nothing Great About Britain, le rappeur anglais Slowthai reste l’un des plus solides archers de la scène grime, décochant régulièrement des flèches empoisonnées contre le gouvernement britannique. En promo pour un second album de rap puissant, bardé de featurings glorieux avec le parrain du grime Skepta et les Américains A$AP Rocky et Denzel Curry, la tête brûlée du pays a récemment repris Needle in the Hay d’Elliott Smith, l’un des sommets de la vulnérabilité de la folk des années 90. Une reprise qui serait banale par un groupe indie-rock mais qui représente plutôt ici une barrique d’adoucissant dans un tambour habituellement rempli d’acide, où s’essorent rage politique et conflits intérieurs, ses aînés du rap et du punk déteignant à parts égales sur sa page blanche. On aurait pu être véritablement surpris de cette reprise vulnérable si on n’avait pas parlé quelques semaines auparavant avec lui, par vidéos interposées. Lui en peignoir violet – pas de boxeur triomphant mais plutôt de post-ado en confinement – dans une chambre-studio encombrée, aux volets clos en plein jour.

Sur la pochette de son second album, Tyron (son prénom), il pose justement en Guillaume Tell abattu par une flèche en plein front : «Je me pose en position de devenir la cible, pour qu’on m’utilise comme exemple. Je me suis mis là le premier, explique-t-il. Mes oncles ou mon beau-père disaient toujours qu’ils avaient fait des erreurs pour que