«Dominique, nique, nique…» Le documentaire accrocheur de Charles-Antoine de Rouvre sur Sœur Sourire donne d’abord envie de siffler, puis de déchanter. Non par déception mais parce que la vie de celle qui connut un succès mondial avec sa chanson naïve pourrait se résumer à ce titre balzacien : Illusions perdues. Après le juste film de Stijn Coninx porté par Cécile de France en 2009 et deux livres, Sister Sourire : une pure tragédie de Claire Guezengar et Sœur Sourire de Catherine Sauvat, Qui a tué la voix de Dieu ? est le complément indispensable, d’une écriture limpide, à la compréhension d’un mystère aussi épais que l’habit des sœurs dominicaines.
Nous voici au couvent de Fichermont, près de Waterloo en 1964. La télévision américaine et Ed Sullivan en personne sont venus débusquer «The Singing Nun», cette chanteuse inconnue à l’origine d’un titre numéro 1 du Billboard depuis quatre semaines. Derrière un sourire malicieux et des lunettes dont on jurerait qu’elles sont les mêmes que celles de Malcolm X, la religieuse belge de 30 ans pétille d’une intelligence simple. Mais première fissure : elle dit sa gêne pour le nom d’artiste «un peu fleur bleue» que la maison de disques a choisi pour elle. Son surnom de guide scout lui ressemblait plus : Ourson. «A cause d’une certaine âpreté peut-être» confie la cloîtrée.
«Prisonnière d’un rêve»
C’est à travers ces détails chargés de sens que le réalisateur tente alors d’éclaircir le destin complexe d’une sœur chan