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La découverte

Solann, Nikola, Johnny Montreuil, Chasseur… la playlist du cahier musique de «Libération»

Chaque week-end, la web radio de «Tsugi» accompagne le cahier musique de «Libération»
Plongée au cœur de la terreur et de la beauté avec «Monstrueuse», premier EP de Solann. (Adriana Pagliai )
publié le 20 janvier 2024 à 11h11

La découverte : Solann, insolence monstre

S’il fallait envisager une trajectoire semblable à celle de Zaho de Sagazan, révélation cette année, ce serait sur elle qu’on aurait une sérieuse tendance à miser. Enfant de la balle prédestinée aux écrins théâtraux par son bagage et l’empreinte paternelle, Solann a finalement opté pour la chanson, comme pour saisir le mode d’expression le plus juste afin de se libérer d’un environnement familial où sa parole était brimée. En éclaireur de ce premier EP, Petit corps, berceuse vulnérable encerclée par un ukulélé, s’immisce sur les terres dépouillées de Pomme. Mais cette ancienne mannequin qui refuse de dévoiler son âge (raison invoquée : une peur de mourir) n’est pas une descendante. Plutôt une adepte des odyssées musicales, à l’écart des routes trop fréquentées.

Derrière la joliesse de façade et des inflexions sibyllines, elle module avec un contrôle parfait de la dramaturgie poétique des phrases ensorcelantes de magie noire. Comme une plongée au cœur de la terreur et de la beauté. Ici, le romanesque se superpose au cathartique, la voix ondule et vole à la manière d’une braise dans la nuit, la tension sourde (Crash) chasse une incantation menaçante (Monstrueuse). Ou la langueur frissonnante des couplets prépare le beat pétaradant et libérateur du refrain (Rome). «Mais c’est une chienne qui a élevé Rome /Les putes comme moi portent les rêves des hommes». Evidemment que Solann ne connaît pas la retenue des débutantes.

Solann Monstrueuse (Cinq 7)

La playlist

Nikola Sainte Rita de Paname

Il déteste les maisons de disques mais ce chanteur plus que rappeur a signé chez Sony. Logique tant ce premier album concrétise une série de titres insolents où sa poésie se heurte à la brutalité du quotidien. Fameux.

Johnny Montreuil Ses amours

Swamp rock blues déchaîné ponctué par l’harmonica hurlant de Bazbaz. L’œuvre d’un vétéran rocker banlieusard qui fait parfois l’acteur (Django, Frères Ennemis). Entre les Cramps et Vince Taylor. Rien que ça.

Chasseur En diagonale

Difficile de résumer Gaël Desbois, entendu chez Laetitia Shériff ou Miossec. Ce projet solo, mi-chanson mi-rock, séduit notamment grâce à un texte sujet à de multiples interprétations. A vous de jouer.

dOP Regarde le dessin

Chantres depuis plus de 15 ans d’une house music non conventionnelle, les Français de dOP attaquent l’année avec un poème entre illumination et hallucination, sur fond de TB-303 et de cordes disco. Bien barré.

Dylan Dylan Rush

On suit de près la jeune productrice montpelliéraine, adepte d’une house music dopée aux rythmiques bondissantes à l’anglaise. En attendant son deuxième album, voici ce très remuant Rush. Redoutable.