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Transe

«Somanti», les détours de magie de Chouk Bwa and The Angströmers

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Entre Les Gonaïves et Bruxelles, les deux groupes mêlent sonorités vaudoues et électroniques dans un album hallucinogène, en hommage au panthéon haïtien.
The Angströmers, une paire de manipulateurs de sons bruxellois, et les Haïtiens Chouk Bwa, un combo d’accélérateurs de trépidations. (Davide Belotti)
publié le 5 octobre 2023 à 18h21

«Quand l’anthropologue arrive, les dieux s’en vont.» Ce proverbe haïtien que cite la visionnaire Maya Deren dans Divine Horsemen. The Living Gods of Haiti connaît un étrange écho soixante-dix ans plus tard, à travers l’hybridation produite entre The Angströmers, une paire de manipulateurs de sons bruxellois, et les Haïtiens Chouk Bwa, un combo d’accélérateurs de trépidations. Plus qu’une érudite synthèse élaborée en laboratoire, il s’agit d’une nouvelle forme de syncrétisme in situ, parfaitement raccord avec l’esprit habitant le vaudou. «On a tendance à dire que l’on fait du christian rock en version vaudou», résume non sans humour Frédéric Alstadt, un des deux hommes derrière les machines. Pour lui qui collectionne de longue date les enregistrements ethnomusicologiques, «à dominante tournée vers la transe», ce sillon s’inscrit dans sa démarche. Pour l’autre, Nicolas Esterle, le mix s’avère inédit, n’ayant guère fréquenté cet univers par le passé. Pour tous deux, ingénieurs du son adeptes des free parties et de musique industrielle, l’expérience est surtout source d’expérimentations régénératrices.

Tout a commencé en 2014, lorsque Chouk Bwa entame sa première tournée européenne et croise la route des Angströmers, colocataires à Bruxelles. «Le groupe avait besoin d’un enregistrement pour la RTBF. On a proposé nos services.» En deux temps trois mouvements, le germe d’une connexion est planté dans la tête des deux compères. «Pourquoi ne pas