Aux premières notes on a pensé à un disque de jazz. Une trompette naturelle, d’accord, mais c’était quoi juste après ? Un cornet à bouquin et une vielle à roue, des percussions sauvages et l’impression d’un bordel harmonique qui pourtant nous charme. «Il n’y a que la source pour soulager» : ces derniers mots du premier chant (le livret est en français et en occitan auvergnat) servent peut-être de clé à ce disque De Mòrt Viva, l’un des plus fous qu’on ait écouté ces derniers temps.
La source pour soulager. Retour aux émotions primaires, à l’instinct, accepter ses dissonances, remonter le cours du temps et de la langue. Ce titre déjà : De mort vive, qui donne envie de jouer de l’oxymore à tout bout de champ, tant les sentiments extrêmes nous saisissent à l’écoute. Transe tempérée, futur d’antan ou folie sage : le troisième album d’Ernest Bergez, alias Sourdure, déboute en douceur l’envie qu’on avait de le ranger entre les folkeux neo-trad et Aphex Twin.
Musique bruitiste ou expérimentale qui rencontre les pratiques traditionnelles, machines électriques contre vents et bourdons, une langue d’oc enfin pour dire une poésie future. Deux exemples et d’abord par le dernier chant : Vespres dau raibar = Vèpres du rêver, dont on n’aurait pu saisir la portée si les mots ne nous étaient pas traduits dans un joli livret illustré