Rarement on a connu un fondateur de festival de musique indé si soucieux de l’ombre. Qui vive les concerts qu’il propose comme un groupie (ce qu’il fut, implorant des signatures à Robert Smith des Cure), près de la scène, loin des lumières. Modeste, discret, doux. Minoritaire dans le milieu testostéroné des musiques actuelles où le faire-savoir a parfois un peu trop tendance à primer sur le savoir-faire. Lui préfère voir jouer des bandes de filles que de se la jouer chef de bandes. Stéphane Amiel, 53 ans, pilote ainsi depuis 1997 «Les femmes s’en mêlent». LFSM pour les adeptes, trop rares. Un Omni – objet musical non institutionnalisé – au défrichage éclectique, à l’onirisme contagieux. Et à la fragilité enchanteresse, tel un écho à la voix de Mimi Parker, moitié du groupe Low, dont le dernier album tourne ces jours-ci en boucle sur sa platine.
Alors que la 23e édition de ce festival, dont 100 % des têtes d’affiche sont des femmes, s’achève ce samedi, il reçoit dans sa maison, à Montreuil : mur en briques et nain de jardin décati à l’extérieur, vinyles sous toutes leurs formes et leurs formats, qui s’invitent de la cave au grenier à l’intérieur. Classés par année, par noms de groupe. Parce que comme tant d’hommes à la mémoire poreuse il zappe les dates, Stéphane Amiel a compilé dans son carnet les éditions de son festival, et les musiciennes qu’il a contribué à révél