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Entretien

Steve Reich, pionnier du minimalisme : «L’avant-garde ? Je crois n’avoir jamais utilisé un mot aussi stupide de ma vie»

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Le compositeur new-yorkais emblématique de la musique répétitive avec Terry Riley, Philip Glass et John Adams est l’invité d’honneur de la 34e édition du festival Présences de Radio France où sera jouée sa dernière pièce, «Jacob’s Ladder».
Steve Reich en novembre 2023. (Christophe Abramowitz/Christophe Abramowitz)
publié le 1er février 2024 à 18h35

Steve Reich ne viendra pas à Paris pour Présences, le festival de Radio France, qui lui consacre un portrait. A 87 ans, il vit retiré à Pound Ridge, village du comté de Westchester, dans l’Etat de New York, avec l’artiste vidéo Beryl Korot, épousée en 1976. Ce n’est pas la première fois qu’une rétrospective de son œuvre est organisée au pays de Pierre Boulez, pour citer le plus illustre contempteur de la musique répétitive dont Reich est, avec Terry Riley, Philip Glass et John Adams, l’un des papes. L’Ensemble intercontemporain, créé par Boulez, est même devenu un interprète d’élection de ses œuvres, de Music for 18 Musicians à Reich/Richter, en passant par City Life, dont la création mondiale fut donnée, sous la baguette de David Robertson, le 7 mars 1995 à l’Arsenal de Metz.

Si Reich récuse le qualificatif de «minimaliste», issu des arts plastiques, c’est parce qu’il ne rend pas compte de l’évolution de son langage musical. Depuis la redécouverte accidentelle d’une forme très ancienne, le canon, en laissant deux magnétophones à bandes se déphaser naturellement, la musique de Reich a puisé des éléments dans les musiques africaine et balinaise, et celle de l’Ecole de Notre-Dame et de son maître de chapelle, Pérotin, le pionnier de la polyphonie occidentale, changeant constamment de visage sans perdre ce motorisme et cette ferveur dont témoignent les chefs-d’œuvre de la maturité comme Tehillim et Proverb. Fidèle à sa tradition, Radio France a