On l’avait quitté beau, fou, brutal et bancal, personnage d’on ne sait quel théâtre, quelque part entre André 3 000, Jim Carrey et Johnny Rotten, auteur en 2021 d’un album insaisissable – Smiling With No Teeth – où se télescopaient new wave, r’n’b et hard funk princier. On le retrouve beau, fou, brutal mais plus du tout bancal – au contraire, solide, fluide, monstre de maîtrise aux mouvements précis et imparables. Avec son deuxième album, Struggler, l’Australien Genesis Owusu est passé cette année du roquet à la panthère, du 100 mètres haies à la gymnastique sur poutre. «Quand je compare mes deux albums, j’ai l’impression de regarder des photos de moi, nous explique-t-il au téléphone. Smiling With No Teeth, c’est moi à l’école primaire, frais, naïf, innocent. Avec Struggler, on est quelques années plus tard, après la puberté. Ce qu’il s’est passé entre les deux ? Un genre de crise existentielle.»
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Car si Genesis Owusu est encore un nom relativement confidentiel ici, ce n’est plus le cas en Australie, où ce jeune homme de 25 ans aux manières à la fois athlétiques et androgynes enchaîne les récompenses – pas moins de quatre en 2021 aux ARIA Awards, équivalent océanique des Victoires de la musique, dont celle d’album de l’année pour Smiling With No Teeth – et s’est vu, il y a quelques mois, monter sur scène avec l’orchestre symphonique de Sydney. Un succès qui l’a pris de court et passablement désorienté : «Quand j’ai dû réfléchir à la