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Rencontre

Sturgill Simpson, redneck plus ultra

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Avec son nouvel album composé à Paris «Passage du désir», récit cosmique d’une errance physique et sentimentale, le natif des Appalaches revisite les codes de la country américaine. «Libé» a rencontré le baroudeur à mocassins.
Sturgill Simpson à Paris, le 20 juin 2024. (Martin Colombet/Libération)
publié le 29 juillet 2024 à 16h17

Sturgill Simpson n’est pas, et n’a jamais été, un chanteur de country ordinaire. D’une, il ne porte pas de santiags. Visez donc ces mocassins sans chaussettes, du genre à flétrir les pieds d’ampoules à qui oserait s’aventurer au-delà de son bistrot de quartier, et ne parlons pas de ce que ça donnerait sur un cheval. Ça tombe bien, car désormais le fier enfant des Appalaches (Délivrance, le banjo, les opioïdes, etc.) s’est réinventé en flâneur parisien, «flottant autour du Marais», comme il le croone avec sa diction inimitable sur quelques flonflons d’accordéons (ils s’arrêtent vite, heureusement) dès l’ouverture de son nouvel album, dans sûrement la seule et unique chanson de country ayant pour incipit topographique un quartier à modeux et non un quelconque bayou grouillant d’alligators. Des montagnes coupe-gorges au boulevard Beaumarchais (cité lui aussi), il n’y aurait qu’un enchaînement de hasards heureux, l’homme se laissant flotter «comme un bouchon de liège à la mer», jusqu’à cette fameuse allée du Xe arrondissement qui donne son titre à son nouveau disque, peut-être son meilleur, Passage du désir. «Il se trouve que j’avalais un falafel en face quand j’ai vu ce vieux panneau. Je me suis dit que ça sonnait rudement bien.»

Assis jambes croisées dans les bureaux de son distributeur français, bien planqués au fond d’une cour ombragée au cœur de Barbès, l’Américain aime jouer au faux modeste pétri de sarcasme et perclus de fatigue («pas dormi,