Pendant que vous écoutez innocemment une playlist de musique ambient pour oublier que le monde va mal, votre plateforme préférée, elle, a sorti les crocs. Objectif : déchiqueter la taxe streaming, une mesure défendue par le gouvernement et qui devait être intégrée au projet de loi de finances pour 2024 mais s’en est retrouvée éjectée in extremis. Que recouvre cette lutte à base de décimales, d’acronymes abscons, d’amendements, de manœuvres parlementaires et autres joyeusetés ?
A l’origine de ce sujet de discorde se trouve l’épineux problème du financement du Centre national de la musique (CNM). Né tout début 2020, l’établissement ambitionne d’être le pendant musical du Centre national du cinéma (CNC), ou, pour reprendre la rhétorique martiale de sa mission de préfiguration, un «bras armé de la politique publique de l’Etat en matière de musique». Aussitôt né, aussitôt bouleversé par la crise du Covid, qui transforme l’organe en maxi-jeyser à fonds de secours : les salariés du tout jeune CNM doivent ainsi gérer la bagatelle de 172 millions d’euros et un afflux délirant de demandes d’aide. Mais maintenant, l’état d’exception touche à sa fin : si en 2023, le CNM a encore pu distribuer 65 millions d’euros d’aides collectives, c’est grâce aux restes de ces crédits exceptionnels – 40 millions d’euros de fonds de tiro