La basse vrombit comme un moteur, essaye de lancer la chanson par à-coups, comme une voiture en carafe qui tenterait de démarrer, les pneus pris dans la neige. Le batteur s’impatiente, tapote sur le tableau de bord, gratte la glace sur le pare-brise. D’un coup, le moteur prend, la chanson démarre. La voiture gravit la pente, prudemment, tandis que la neige fond – on passe au printemps. Et au détour d’un virage, tombe dans le refrain, brutal, saccadé, solaire – c’est désormais l’été pour tout le monde, tout le temps. Qu’on aime ou pas les Breeders, on ne peut qu’être assez admiratif devant Cannonball, premier extrait de leur deuxième album Last Splash, paru à la fin de l’été 1993. Hit quasi-immédiat d’un disque bouillonnant, gentiment anarchique, qui pétillait dans toutes les directions – pop, punk, country, surf rock, musique hawaïenne, dégoulinades bruitistes. Disque qui ressort aujourd’hui dans une version discrète mais solide, remastérisé à partir des bandes originales retrouvées dans les archives de la Warner, et augmentées de deux titres jamais entendus jusque-là – Go Man Go, inédit écarté à contrecœur de la tracklist finale, et une version de l’autre tube de l’album, Divine Hammer, chantée par J Mascis de Dinosaur Jr.
Trente ans après sa sortie, les membres des Breeders ressemblent toujours un peu à Last Splash – ça chahute, digresse, se contredit, part dans tous les sens. Le groupe, réuni au complet en visioconférence depuis les Etats