Qui ne s’est jamais délecté de chansons de rupture pour noyer son chagrin ? On vous épargne l’air du catalogue (chacun a sa chanson préférée sur le sujet) pour ne penser qu’à ces rares albums qui semblent entièrement conçus autour de ce motif : la séparation et les variations infinies de douleurs qui s’en suivent. Rumours de Fleetwood Mac, Here, My Dear de Marvin Gaye ou encore 808s & Heartbreak de Kanye West ne parlent que de ça, avec plus ou moins d’élégance. Ecrits en plein apogée (Blood on the Tracks de Dylan) ou dans la fleur de l’âge (Melodrama de Lorde) ces recueils d’amertume et de tendresse mêlés donnent parfois à ceux qui les reçoivent l’envie de savoir de qui il est question.
Après la sortie de Blue (1971), et inspiré sans doute par les paroles de The Last Time I Saw Richard, le magazine Rolling Stone avait imaginé une sorte de Carte de Tendre qui reliait chaque chanson de Joni Mitchell à un amant passé : Leonard Cohen (A Case of You) David Crosby et Stephen Stills (Trouble Child), Graham Nash (Hey Willy) Neil Young, James Taylor (My Old Man). Seul intérêt de cette entreprise de réduction d’une œuvre à la biographie de son autrice, la réponse tranchante de l’intéressée : «J’ai le sentiment de n’être mariée qu’à mon art.»
Fan de la première heure
Le Pink Album du trio Unloved appartient à ce champ réservé des œuvres concentrées, qui n’ont qu’un objet ou presque : la perte, l’abandon, Sorr