Neil Young (1972)
Probablement frustré par l’annonce que la prochaine tournée européenne du «loner» ne passera pas chez nous, on s’est mis à réécouter l’incontournable Harvest d’où est extraite cette chanson. Pas forcément, une de celles que l’on retient en priorité dans ce classique du Canadien où les Out of the Weekend, Heart of Gold ou The Needle and the Damage Done ont incité toute une génération à gratter la guitare tout en tirant sur un chilom (avec modération). Logique puisque There’s a World se caractérise par ses arrangements élaborés pour le London Symphony Orchestra. Coincé entre l’acoustique Old Man et l’électrique Alabama, c’est une vraie bizarrerie que les fans de Neil Young zappent volontiers à l’écoute de Harvest. La chanson est même souvent considérée comme une tache dans son répertoire. On ne sera pas aussi sévère.
Sufjan Stevens (2023)
C’est à la toute fin de son dernier album Javelin que l’on repère cette reprise de toute beauté. L’original est à peine reconnaissable. Disparue les arrangements terriblement datés (mais ils l’étaient déjà à l’époque) signée Jack Nitzsche, que l’on a connu mieux inspiré, co-cerveau notamment avec Phil Spector du fameux «Wall of Sound. C’est tout en délicatesse que l’américain de Detroit s’empare de la chanson de Neil Young pour la hisser dans les étoiles avec ses chœurs diaphanes et son orchestration minimale. On a quasiment l’impression d’avoir affaire à un morceau écrit et composé par Stevens, génie intimiste dont le registre particulier s’adresse pourtant au plus grand nombre. Une interprétation saisissante où les mots «We are leaving, we are gone, come with us to all alone» résonnent particulièrement lorsque l’on sait que cet album est dédié à son petit ami Evans Richardson, décédé en avril 2023, à 43 ans à peine, quelque mois avant la sortie de Javelin.