La découverte: Trainfantome, nostalgie électrique
Un son électrique, des guitares bruyantes sans être envahissantes grâce à un mix d’une belle précision, des mélodies à fleur de peau et une voix chantant en anglais des émotions à vif : en clair, un mélange de boucan et d’émotion qui semble sorti des années 90 et d’un de ses groupes grunge, noisy, slowcore, Lo-fi ou shoogaze qui réveillait le rock à l’époque. Un disque aussi avachi que puissant, mais qui semble presque anachronique à l’heure du triomphe du rap et des quotas favorisant le chant en français.
La principale référence qui vient en tête en le découvrant rappellera des souvenirs aux plus vieux lecteurs : Idaho et plus particulièrement l’album This Way Out (1994). Les membres de Trainfantome qui viennent juste de dépasser la trentaine assument en creux d’aimer le rock de ces années : «J’ai grandi à une époque où tout ça était encore à la mode… Pas vraiment nostalgique non, mais on ne se refait pas.» Nantais, Olivier Le Tohic a longtemps été le seul maître derrière Trainfantome et puis au moment d’enregistrer Thirst, un second album, le besoin de se confronter à d’autres est devenu plus fort. Trainfantome est donc devenu un quatuor (au look lui aussi très 90′s) pour «s’approprier des productions plus ambitieuses» mais si Thirst a été «capturé live en une semaine comme un vrai groupe de rock» dans un studio d’Angers le résultat final est un mélange entre ces enregistrements et les démos d’origine travaillées seul par Olivier. Trainfantome n’est peut-être pas encore totalement un groupe, mais cela ne l’empêche pas d’avoir réussi un formidable album, pour les nostalgiques comme pour les autres.
Trainfantome Thirst (Howlin’Banana /Flippin’Freaks /Influenza /Modulor)
La playlist
Thylacine Vivaldi (and 74 musicians)
On est bluffé par cette version cataclysmique de l’hiver des Quatre Saisons où le producteur électro est accompagné par un orchestre dirigé par Uèle Lamore et le prodige Luka Faulisi au violon. Un hit.
Manon David Club Extra Time
On entend beaucoup de choses dans ce titre. De la pop californienne 70′s, mais aussi de la variété française et même du Arcade Fire. La Rennaise, ancienne Groupe Obscur, propose une chanson délurée et décomplexée. Détonnant.
Miel de Montagne le Pigeon
Le malicieux chanteur s’aventure avec bonheur dans un registre nerveux qu’on ne lui connaissait pas. Version punk d’une pop dynamique au texte beaucoup plus désespéré qu’il n’en a l’air. Se méfier des apparences.
Captain Mustache Mustache of the Universe
Véritable Superdupont électronique, le mystérieux Captain Mustache a deux mérites : rendre l’électro (le genre) sexy et bien s’entourer. La preuve ici avec Amanda Lear, qui pose sa voix grave sur un titre mélancolique mais groovy.
Charlie Vettuno Model Taste
Charlie Vettuno, c’est en réalité deux frères de Los Angeles à l’univers sonore particulier, entre house, rap, soul et pop, à la façon de Channel Tres. Un mélange explosif qui prend toute son ampleur sur ce Model Taste un peu coquin. Les futurs Neptunes ?