«Je ne connaissais pas Jonas Bjerre-Poulsen ni son travail auparavant. Je suis tombé sur ses photos par hasard, alors que je cherchais en ligne un autre Jonas, à savoir Jonas Bjerre, chanteur de l’incroyable groupe danois Mew, explique Anders Trentemøller. Les photos de fleurs de Jonas Bjerre-Poulsen me sont soudainement apparues, et j’ai tout de suite eu l’impression que j’avais trouvé l’image de pochette de mon nouvel album. Elles semblaient parfaitement adaptées à ma musique et à l’atmosphère qu’elle dégage. Je lui ai tout simplement demandé sur Instagram si je pouvais utiliser deux de ses deux photos pour le recto et le verso de la pochette de l’album. Heureusement pour moi, il a accepté.»

Pour le photographe Jonas Bjerre-Poulsen, «les images minimalistes de fleurs, de feuilles translucides et de fleurs en mouvement sont un moyen de transmettre un sentiment d’étrangeté, de pureté et de passage du temps». Le choix de deux fleurs amaryllis permet de «refléter la nature éphémère de l’existence : l’amaryllis ouvert symbolise l’apogée de la beauté, de la vitalité et du désir. Il représente un moment plein d’expression, où tout est ouvert et fleuri. L’amaryllis fané rappelle que toutes les choses, aussi belles soient-elles, sont temporaires et impermanentes». Un peu à la manière des vanités dans la peinture flamande du XVIIe siècle.

L’amaryllis de Dreamweaver semble à la fois contrainte et en même temps soutenue par des ficelles aux faux airs de barbelés. Jonas Bjerre-Poulsen : «Les délicates ficelles nouées autour de la tige de la fleur sont un humble clin d’œil au photographe japonais Araki dont les photographies de fleurs et de bondage sont souvent imprégnées de connotations érotiques. Il établit des parallèles entre la nature délicate et vibrante des fleurs et la sexualité humaine.» Pour Trentemøller, «la façon dont la fleur est maintenue en place symbolise peut-être une tentative de dompter l’incontrôlable, le sauvage, l’amour lui-même. J’ai été fasciné par cette contradiction. Le fait qu’une des fleurs soit en train de mourir n’a fait que souligner davantage le désir et la douleur, des thèmes présents dans Dreamweaver. L’amour inaccessible est-il retenu par les cordes ou les cordes retiennent-elles le souvenir de ce qui n’est plus là ?» Vaste débat.