Discuter avec Tuerie ne revient pas tout à fait à discuter de musique. On parle transmission, rêves, maturité, bonheur, traumatismes, intégrité, filiation, déconstruction, et amour, bien sûr. C’est cause, à bâtons rompus, de ce que la vie d’artiste signifie jusque dans l’intime, de l’incidence que l’acte de création et la publicité de l’art peuvent avoir sur les musiciens. Son premier album, paru en avril 2025 et intitulé les Amants terribles, aborde tout cela. Et pour autant, il n’y a là rien qui sonne comme de la bouillie existentielle. «J’ai en horreur les artistes qui chialent pour rien, assure-t-il dans le petit studio d’enregistrement qui jouxte les locaux de son label Foufoune Palace. Mon premier souci, c’est d’être entier quand je passe derrière le micro, sauf quand je suis dans l’exercice de l’ego trip. Il y a beaucoup de choses à raconter d’une vie, c’est dense, le propos peut être parfois dur. Mais je dis à mon public : “Ne vous inquiétez pas, je vous tiens la main.”»
Il porte sur lui cette humeur rassurante. Son imposante carrure diffuse une grande bienveillance, irradie franchement, toujours parée de ces attributs américains trahissant son amour pour des cultures, des musiques qu’il explore depuis l’enfance. On ne connaît d’ailleurs pas son âge, et il ne le donne pas. «J’ai connu un début de carrière tardif et n’ai aucun problème avec ça. Je le raconte dans mes précédents disques. Mais je crois qu’une partie du public ne veut pas avoir l’