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On y croit

Tunde Adebimpe, une voix qui sort de l’ombre

Le chanteur de TV on the Radio retrouve la fièvre du groupe tout en élargissant sa palette dans ce premier album solo très réussi.
«Thee Black Boltz», premier album solo pour Tunde Adebimpe. (Xaviera Simmons)
publié le 19 avril 2025 à 6h12

Placé en ouverture, après la courte introduction vocale qui donne son nom à l’album, Magnetic et sa basse turbine à plein volume comme dans un rêve de David Lynch, suffit à faire renaître l’excitation suscitée par Desperate Youth, Blood Thirsty Babes, le premier disque en 2004 du groupe dont Tunde Adebimpe a été le chanteur durant une dizaine d’années, TV on the Radio. Après ce clin d’œil, prolongé par l’efficace mais déjà plus pop, Ate the Moon, le disque part dans bien d’autres directions, sans décevoir pour autant.

Flashback : au début des années 2000, en plein retour du rock via une génération de groupe basé à Brooklyn - Liars, Radio 4, The Rapture, Yeah Yeah Yeahs dont on ne se souvient plus aujourd’hui que de The Strokes - les quatre TV on the Radio, trois musiciens noirs et un blanc, Dave Andrew Sitek, réinventait le rock alternatif américain avec un son résolument rock, mais ouvert aux influences du jazz, du funk et des plus complexes explorations post-punk. Une sorte de mélange entre les Bad Brains et le saxophoniste Pharoah Sanders, qui n’a pas tenu toutes ses promesses au fil du temps, sans doute parce que les compositions n’étaient pas toujours aussi fortes que le son et l’atmosphère créée par le groupe. Même si une tournée en trio s’annonce cet été, TV on the Radio a presque disparu des radars depuis le tragique décès de leur bassiste Gerard Smith en 2011 et l’avènement de Dave Andrew Sitek en producteur californien, de Scarlett Johansson à Weezer.

Autant dire qu’on est heureux de retrouver la voix si particulière de Tunde Adebimpe, qui, pour l’anecdote, est aussi acteur quand l’occasion se présente (on l’a vue dans un Spider-Man ou une série Star Wars). Loin de faire du TV on the Radio en solo, son disque prend bien d’autres routes. Ainsi, le malicieux Pinstack évoque les géniales comptines pop des Kinks période Village Green, alors que The Most part au contraire dans une direction electro à la LCD Soundsytem, tout comme le bondissant Somebody New qui, lui, a presque un côté Erasure avec une voix plus grave. Mais, quelle que soit la direction, il y a du plaisir à l’arrivée.

Tunde Adebimpe Thee Black Boltz (Sub Pop /Modulor)


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