Tyler, the Creator, Chromakopia (Sony)
De l’ego trip au lego trip, l’œuvre de Tyler, the Creator se lit comme un vertigineux jeu de piste autour de l’identité. Enfant d’Internet et des artères horizontales de L.A., roi du rap horrorcore devenu r’n’b-boy de lover, Tyler Okonma n’a cessé de se créer et se recréer, Wolf Haley, Dr TC (l’analyste avec lequel il conversait dans Goblin), Igor et aujourd’hui St. Chroma, avatar masqué et remarquablement peigné (façon amasunzu, coiffure traditionnelle au Rwanda) qui lui permet de s’épanouir et se livrer sur Chromakopia comme jamais. «Je te souhaite de te trouver, je te souhaite de faire tomber ton masque», croone ce roi du paradoxe sur Take Your Mask Off, enfonçant le clou d’un album high-concept qui se révèlera comme son plus autobiographique. Aussi, passé le fossé névrotique de Noid, opéra rap-rock zambien sur la paranoïa, il ne fait plus de doute que St. Chroma n’a de fictif que sa panoplie. Okonma converse avec sa mère, Bonita, qui prodigue diverses mises en garde et se confie sans fard sur Like Him, ballade sur le père qui les a abandonnés. Sous son regard âpre, il se raconte aussi sur ses rêves d’enfance, son obsession de la paternité, aussi son amour de la musique et de lui-même, en tant qu’artiste indécemment doué. Bien sûr si Chromakopia éblouit, c’est aussi que Tyler est un crack de la transformation musica