Les habitants de la ville de Porirua, au centre de la Nouvelle-Zélande, n’en peuvent plus. Le phénomène des concours nocturnes de haut-parleurs les exaspère. Il y a de quoi : les automobilistes cherchent à saturer le son des autres avec le leur, craché par des systèmes audio hyperpuissants. «Cela nous casse les oreilles» et les gens «n’arrivent plus à dormir» a expliqué ce jeudi 26 octobre Anita Baker, la maire de cette ville de 60 000 habitants. Mais ce n’est pas tout.
Une des particularité de ces batailles nocturnes tient à la prédilection de ses participants pour une certaine chanteuse québécoise. «Ils adorent Céline Dion», souffle Anita Baker. Alors ses tubes envahissent les rues de Porirua, comme My Heart Will Go On ou It’s All Coming Back To Me Now. Un cadeau empoisonné pour les habitants : «bien que j’apprécie Céline Dion dans le confort de mon propre salon et à mon propre volume, je n’aime pas entendre des bouts de ses chansons qui démarrent ou s’arrêtent entre 7 heures du soir et 2 heures du matin», se plaint Diana Paris, en commentaire de la pétition des riverains lancée en ligne pour lutter contre ce phénomène.
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Pourtant, selon un article du Spinoff, magazine néo-zélandais en ligne, la popularité auprès des participants de la chanteuse canadienne ne s’explique pas tant par ses paroles ou ses airs. «Céline Dion est plutôt populaire parce que ses chansons sont très claires. Nous essayons d’utiliser de la musique qui a des aigus élevés et qui n’a pas beaucoup de basses. Le reggae est notre autre choix de prédilection», leur explique Paul Lesoa, un afficionado des haut-parleurs.
De la musique «à toutes les heures de la nuit»
Mais la maire n’est pas de cet avis. «Ils jouent la moitié d’une chanson, puis ils la bidouillent avec leurs trucs et font un bruit strident, donc ce n’est même pas comme écouter de la bonne musique», explique-t-elle au Guardian, bien qu’elle soutienne les «siren kings» (en français, «rois des haut-parleurs») bienveillants. Elle se dit décidée à trouver une solution avec la police : «nous ne voulons pas que les gens fuient notre ville à cause du bruit».
Le problème des concours de haut-parleurs n’est pas nouveau. Cette pratique est née en novembre 2022, quand des fans de rugby locaux ont célébré la performance des îles Samoa dans la Coupe de monde de rugby à XIII. Dans le passé, un accord avait pourtant déjà été conclu entre la municipalité et les automobilistes, déclare la maire au Guardian. Les participants devaient se rendre dans les zones industrielles loin des quartiers résidentiels, et finir à 22 heures.
Mais récemment, les concurrents se retrouvent à «toutes heures de la nuit», selon la pétition des riverains. Le critère de lieu n’est plus respecté non plus, «cela se passe dans notre centre-ville, qui est situé dans une cuvette, et donc le bruit se propage comme un tambour dans toutes les banlieues», explique encore Anita Baker. Les nuisances ont déjà valu 40 plaintes à la police locale, selon RNZ, une radio publique néo-zélandaise.