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«Urbain», mot à maux

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Largement répandu dans l’industrie, le terme, réducteur et fourre-tout, regroupe sans discernement des genres différents, assimilés aux minorités et aux banlieues. Et crispe de plus en plus en France et aux Etats-Unis.
Tyler the Creator à la cérémonie des Grammy Awards, le 26 janvier 2020 à Los Angeles. (Steve Granitz/WireImage. Getty Images)
publié le 18 mars 2022 à 22h04

«Salut les blancs.» Sur la scène des Folies Bergère en 2019, l’humoriste Fary entame son discours des Molières sur une note piquante. Invité à remettre un prix à la célébration annuelle du théâtre, il profite de ses trois minutes d’intervention pour souligner le manque de diversité de la cérémonie. Sa proposition pour une meilleure représentativité ? S’inspirer – ironiquement – du monde de la musique. «Je me suis dit, peut-être faut-il ajouter une catégorie “urbain” aux Molières. Puisqu’on le sait maintenant ce que ça veut dire urbain : ce sont les autres, les noirs et les Arabes, les gentils […]» Avant d’ajouter : «Mais même là vous seriez capable de faire gagner Orelsan.»

«Urbain», «pop urbaine», «scène urbaine», «Victoire du meilleur album de musique urbaine»… depuis vingt ans, l’industrie de la musique utilise le mot «urbain» à toutes les sauces pour parler du rap, du R’n’B, du dancehall ou du zouk. Des genres musicaux qui, s’ils se croisent parfois, sont de plus en plus éloignés les uns des autres et continuent à être rassemblés sous un même terme. «La définition du mot urbain c’est “qui vient des villes”. Mais ça veut dire quoi ? Que notre musique vient de la rue, c’est tout ? analyse Pauline Raignau