
Grande interview
Vald : «Quel jeu de mots ils ont pas déjà fait, ces abrutis ?»
«L’ascenseur social vomit du sang comme dans Shining.» C’est comme à chaque fois ou presque : en une phrase (et quelques autres soigneusement recopiées dans un carnet rangé dans la table de nuit), Vald nous remet la tête dedans. Dans le bol de son rap à part et exceptionnel, dans son univers déchaîné et bouillonnant, dans sa psyché au bord d’imploser en permanence sous la pression du doute et de l’autodérision. Pandemonium, album à l’ambition démesurée et à l’inspiration infernale, est la digne continuation d’une des discographies les plus audacieuses du rap français des années Macron et l’occasion de retrouvailles – en tête à tête – avec l’un de ses plus brillants (mauvais) esprits.
Esprit en roue libre et maniaque sur la dépression, l’excès, l’addiction, la foi, la culpabilité, le complotisme, l’optimisme, le désespoir, le capitalisme, l’astrophysique, la métaphysique, la gauche, la droite, l’amour, le deuil – mention spéciale au poignant Paradis perdu, tissé de phrases piquées à sa mère disparue. Sans filtre ou presque, Valentin Le Du a répondu à nos questions dans un salon de la Maison de la radio, quelques jours avant la sortie de son «CD».
Plus que jamais, vous posez la question, dans Pandemonium : à quoi ça sert, un rappeur ?
Putain, bonne question. Faut apporter de la qualité. On est censé avoir une culture, avoir compris notre milieu, apporter des bons CD. On est des horribles musiciens, on s’adresse aux sentiment