C’est dans la sixième chanson d’Only God Was Above Us, The Surfer, qu’on le trouve mentionné : le Water Tunnel No.3. Un chantier public d’immense ampleur démarré en 1970 à New York, qui doit venir renforcer le réseau d’alimentation en eau de la ville principalement opéré par les tunnels No.1 et No. 2, acheminant depuis plus d’un siècle l’eau d’usage courant depuis les réserves situées au nord de l’Etat. Sous-terrain, donc invisible aux yeux des New Yorkais qui en ignorent l’existence, il s’agit pourtant du plus grand chantier jamais entrepris à New York, et du plus long, puisque la mise en service du Water Tunnel No.3 dans toute sa longueur est prévue pour 2032. Ezra Koenig, qui aura 48 ans le jour de son inauguration, sait assurément de quoi son évocation en retourne.
The Surfer, chanson cruciale du cinquième album de Vampire Weekend, est le vortex au cœur du convecteur d’une machine à voyager dans l’espace-temps, dans tous les sens, incessamment. Un album qui tonne, épate, pétarade et émeut simultanément depuis 1925, 1970, 2024, et 2032, bilocalisé à New York et à Los Angeles, où le chanteur, auteur, compositeur new-yorkais de naissance, vit avec son gamin et sa femme, l’actrice Rashida Jones, fille de Quincy Jones et de l’actrice Peggy Lipton. «On s’en est vraiment rendu compte en bossant sur les images des clips, explique le musicien depuis la Californie, rasé de près à la console de son home studio, le visage enfoui dans un beau micro vintage.