Comment évoquer un environnement qui nourrit les fantasmes sans tomber dans le sensationnalisme ? Voilà la question à laquelle Vince Staples tente de répondre depuis dix ans. L’air détaché et la mine constamment nonchalante, ce rappeur surdoué de vingt-neuf ans se démarque par sa capacité à raconter le quartier de Long Beach dans lequel il a grandi, que ce soit pour décrire la face sombre ou au contraire lumineuse de cette ville côtière de Californie située à trente kilomètres de Los Angeles.
Avant de plonger dans sa passion pour la musique, Vince Staples a en effet flirté avec l’un des aspects les plus dangereux de la société américaine, les gangs, notamment auprès des Crips, un des deux groupes criminels les plus influents d’Amérique. Et si son destin aurait pu connaître une issue tragique, le jeune Californien s’est finalement extirpé de sa condition à travers la musique, sans jamais renier son passé. Ce qu’il confirme une fois encore avec Ramona Park Broke My Heart, cinquième album dans lequel rap contemporain, mélodies g-funk et boucles de guitares /piano inspirés par la pop californienne se rencontrent dans un seul et unique but : raconter, à travers les souvenirs de sa jeunesse tumultueuse, comment l’environnement dans lequel de nombreux Noirs-Américains grandissent conditionne leur trajectoire.
De la course perpétuelle (et vitale) a