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Come-back

«Viva Tu» de Manu Chao, ça vaut le retour

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Dix-sept ans après son dernier opus, le discret chanteur franco-espagnol à la langue déliée revient dans un beau cinquième album. Une déambulation artisanale et cosmopolite.
Manu Chao à Barcelone, où il vit, en octobre 2023.
publié le 19 septembre 2024 à 17h30

José Manuel Tomás Arturo Chao est un drôle d’oiseau. Alors qu’il s’apprête à publier son cinquième album, le premier en dix-sept ans, le voici qui choisit de ne donner aucune interview. Fut un temps où l’ex-meneur de Mano Negra répondait pourtant volontiers aux journalistes, y compris quand il n’avait pas grand-chose à leur vendre – par automatisme ou par altruisme, peut-être. Mais Manu Chao en a eu marre de ce cycle promotionnel, parfois ronflant il est vrai, et n’est certainement pas à une contradiction près. C’est d’ailleurs ce qui chez lui interroge et fascine. Un entretien existe tout de même, réalisé en interne par sa maison de disques et transmis au format PDF, os à ronger si l’on souhaite connaître l’état d’esprit dans lequel Viva Tu, c’est le titre du disque, a été pensé par son auteur. A sa lecture, il apparaît que le chanteur a pourtant beaucoup de choses à dire, mais : «Pourquoi je ne fais pas d’interview ? Parce que j’estime que ce que j’ai dit il y a vingt ans est encore valable et que je déteste me répéter, peut-on y lire. Ce qui, à l’époque de Clandestino [son premier album solo paru en 1998, ndlr], était une intuition, est aujourd’hui une réalité. Ce qui était une réalité à l’époque de Clandestino, c’est-à-dire les clandestins, aujourd’hui, c’est encore pire.»

Paradoxes et crime de lèse-majesté

Clandestino, justement, Manu Chao l’avait conçu comme le