«Avant ce concours, des chanteurs lyriques d’outre-mer, je n’en avais jamais vu.» Baignée par les chauds petits halos de lumière accrochés aux miroirs des loges de l’Opéra de Paris, les yeux mi-clos tandis que sa mère tire en arrière ses longs cheveux bruns pour les nouer en chignon, Yvanna Burel se prépare à monter sur scène. Mais ce soir, loin des tubes de pop et de variété dont elle raffole, la jeune Mahoraise âgée de 16 ans s’apprête à interpréter Summertime, standard de jazz tiré de l’opéra Porgy and Bess de George Gershwin. Pour la cinquième année consécutive, l’auditorium de l’Opéra Bastille servait d’écrin à la finale de la sixième édition des «Voix des outre-mer», organisée par l’association les Contres Courants. Un concours de chant lyrique qui braque les projecteurs sur les chanteurs ultramarins longtemps restés dans l’ombre de l’opéra, dans l’espoir de mobiliser les pouvoirs publics sur les inégalités d’accès à l’enseignement artistique et le manque d’infrastructures dans les territoires d’outre-mer.
«Ce concours est né d’un constat empirique que j’ai fait lors de la création des Nègres de Genet à l’Opéra de Lyon, retrace le contre-ténor Fabrice di Falco, cofondateur des Voix des outre-mer. Dans cette production, j’étais le seul noir français, alors je me suis demandé pourquoi d’autres personnes issues de la dive