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Souffle

Walid Ben Selim, éternelle épure

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Poésiedossier
S’inspirant des poètes et mystiques soufis, le chanteur marocain prône l’essentiel, l’amour et l’espoir dans «Here and Now», avec pour seul accompagnement la harpe classique de Marie-Marguerite Cano.
Walid Ben Selim à Casablanca, en 1984. (Cecile Cellerie)
publié le 11 avril 2025 à 10h47

«Aux vivants de dire : nous sommes toujours là guettant une étoile dans chaque lettre de l’alphabet. ̀A eux de chanter : nous sommes toujours là, portant le fardeau de l’éternité.» Ce message d’espoir qui donne son titre au disque de Walid Ben Selim est signé Mahmoud Darwich, immense écrivain décédé en 2008 que le jeune quadragénaire marocain considère à l’égal des poètes qui ont posé les jalons du soufisme il y a des siècles. Et de citer le lanceur de dés du Palestinien : «Soufis sont mes mots et charnelles sont mes envies…» tout en prévenant que «le soufisme, c’est une voie, et se définir comme tel c’est déjà être hors du chemin»…

Walid Ben Selim se situe sur ce sentier, empruntant les textes des poètes références en cette matière hautement symbolique, dont El Hallaj, «celui qui a le mieux écrit sur l’amour», et Ibn Arabi, l’ésotérique grand maître. Le Marocain s’en fait le chantre sans emphase, avec juste une harpe classique à ses côtés, le médium idoine selon lui pour faire dialoguer la mystique arabe et la mystique occidentale. Les gracieux mélismes de sa voix, comme ses emportements plus rugueux, sont ainsi simplement enluminés par un tamis d