Avec celui de 2001 : l’Odyssée de l’espace, dont il serait d’ailleurs inspiré, le monolithe de la pochette du cinquième album des Who est l’un des objets de questionnements les plus ardents du demi-siècle écoulé. Quelle pouvait bien être la symbolique de ce bloc de béton gris, sur lequel les quatre membres du groupe venaient de soulager leurs vessies ? Et ce ciel d’après l’orage, ce vallon lugubre de pierrailles anthracite dans lequel était plantée la chose, cet horizon comme cramé au chalumeau, que nous renvoyaient-ils comme messages secrets ?
Depuis sa sortie, en août 1971, Who’s Next s’est vendu à des dizaines de millions d’exemplaires, tout le monde ou presque a un jour croisé cette image signée Ethan Russell, étroitement associée aux déflagrations de Baba O’Riley, Bargain ou Won’t Get Fooled Again. Beaucoup ignorent cependant que cet album, considéré comme l’épitomé de la turgescence rock, annonciateur d’une décennie de fer et de plomb, n’est en réalité qu’un produit de rechange, la partie sauvegardée d’un énorme chantier de deux années durant lesquelles Pete Townshend s’est acharné sur un projet démesuré qui a fini à la corbeille : Life House.
Grand corps électrifié
Le guitariste, auteur, compositeur et conceptualiste des Who ne l’a jamais explicitement avoué, mais cette image du groupe urinant sur un