Difficile de rapper lorsqu’on pleure à chaudes larmes. Le dernier morceau de son concert vient de démarrer, et déjà la voix de Zinée tremble, se fissure, puis rompt. Elle s’excuse auprès du public, reprend depuis le début, et parvient tant bien que mal à achever sa prestation. Au Petit Bain (Paris), les cris de soutien et d’amour retentissent. Il faut dire que tout le monde est là pour fêter la rappeuse et la sortie de son nouvel album, Osmin, après deux années d’absence. Zinée, 27 ans, revient de loin. Ce concert, fin juin, est une véritable résurrection artistique, l’estocade d’un combat qu’elle a bien failli perdre. Où donc était passée cette voix fluette coincée entre un doux machiavélisme et une fragilité assumée ? Cette silhouette frêle qui faisait siennes les scènes estivales et une communauté d’admirateurs grandissante ? Zinée se reposait, et subissait des traitements drastiques, une ablation d’organe, le retrait de 800 grammes de kystes dans le ventre, des mois à marcher difficilement pour terrasser une saleté méconnue et, dans son cas, mal diagnostiquée : l’endométriose profonde.
Il lui avait fallu mettre la musique entre parenthèses alors que tout lui souriait, partir loin de la capitale, aussi.