Il porte une croix orthodoxe autour du cou. En or ciselé. Sa mère l’a fait fondre à partir de son alliance qu’elle croyait avoir jetée après son divorce et de la médaille de baptême catholique de son fils. Et la lui a offerte pour son anniversaire. Même s’il est athée et peu sensible au charme des chaînes en or, Nicolas Delesalle ne la quitte plus. A fortiori, là, en Ukraine, où ce grand reporter est venu rendre compte de la guerre. «C’est un talisman, mes racines, mon histoire. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de mes ancêtres, c‘est ma mère russe que je porte contre ma poitrine», écrit-il dans Valse Russe, un magnifique récit intime, journalistique et littéraire.
C’est elle, le personnage principal, la mère. Personnage fantasque, généreux, aventurière bien que tête en l’air. «Depuis sa naissance à Paris, de parents russes blancs émigrés de la révolution de 1917, ma mère essaie de convaincre les Français que les Russes sont des gens comme les autres. […] Elle croit que les Russes de Russie sont presque normaux, en tout cas juste assez normaux pour ne pas avoir envie de détruire le monde “même s’ils ont beaucoup souffert après soixante-dix ans de communisme”.» Adolescent, l’auteur a eu sa mère comme professeur de russe, «je suis son pire cauchemar en cl