Les coupes budgétaires continuent pour le monde de la culture. Le budget de la rue de Valois pour 2025 prévoit «une baisse nouvelle de 50 millions d’euros», a fait savoir ce vendredi 17 janvier la ministre de la Culture Rachida Dati au Sénat. «Ce budget intègre quelques évolutions récentes», a déclaré la ministre à l’occasion de la reprise de l’examen du projet de loi de finances, ajoutant que «la situation de nos finances publiques nous oblige».
Cette diminution s’ajoute à un coup de rabot de 100 millions d’euros arbitré par le précédent gouvernement en décembre. Ainsi, le budget total consacré à la culture dans le projet de loi de finances s’élève à 4,45 milliards d’euros.
Récit
L’enveloppe du Pass culture rabotée
Histoire de sauver les meubles, Rachida Dati a néanmoins pu arracher, durant les arbitrages budgétaires, un geste financier fléché essentiellement pour le patrimoine. Environ 5 % des 45 000 monuments historiques en France sont en péril, selon le ministère.
L’enveloppe du Pass Culture, dispositif qui accorde aux jeunes de 15 à 18 ans 300 euros pour leurs achats culturels, a pour sa part été réduite de 35 millions d’euros par le Sénat, contre l’avis du gouvernement. «Je ne souhaite pas que cet outil devienne […] un chèque qui ne servirait finalement qu’à entraîner un objectif consumériste», a souligné Rachida Dati. Parmi les pistes de la ministre : «la prise en compte des conditions de ressources» de la famille, une «part réservée au spectacle vivant», une offre mieux hiérarchisée, de «nouvelles fonctionnalités comme la géolocalisation» ou encore une meilleure articulation entre la part individuelle et la part collective gérée par les enseignants et financée par le ministère de l’Education nationale.
Depuis son lancement en 2021, le Pass culture, attribué à 3,4 millions de jeunes, représente une dépense d’un peu plus de 200 millions d’euros par an pour le ministère, qui finance la part individuelle.
La CGT Spectacle dénonce une «saignée budgétaire»
Par ailleurs, quelque 40 millions d’euros ont par ailleurs été alloués par un vote des sénateurs à un «fonds exceptionnel au profit des situations les plus critiques pour la création artistique dans les territoires», notamment dans le spectacle vivant, voulu par le gouvernement. Le ministère a précisé qu’il servirait d’abord à «gérer les situations les plus graves en sauvegardant les structures emblématiques» en situation délicate, à l’image du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, qui a fait l’objet en 2024 d’une mesure de sauvegarde co-pilotée par l’Etat et les collectivités.
Ce fonds servira aussi à «aider, dans les territoires, des structures à reconstituer leurs marges artistiques», selon la rue de Valois. Sa mise en place intervient alors que la plupart des régions ont adopté pour cette année des budgets réduisant leurs dépenses culturelles. En outre, concernant l’audiovisuel public (France télévisions, Radio France…), le Sénat a voté un effort supplémentaire d’économies de 80 millions d’euros, moindre que celui proposé par le gouvernement.
DATI LA LIQUIDATRICE !
— CGT SPECTACLE (@cgt_spectacle) January 17, 2025
Le 14/01 lors du CNPS, Rachida Dati, s'engageait devant la profession à préserver les crédits de l'Etat consacrés au spectacle vivant en 2025. Il n'aura pas fallu une semaine avant que la ministre ne piétine ces engagements...https://t.co/C8JAbjjY6C pic.twitter.com/33dEhAubWP
Dans un communiqué, la CGT Spectacle a jugé que la ministre «piétine (les) engagements» promis en faveur du spectacle vivant, la surnommant «Dati : la liquidatrice». «Cette saignée budgétaire vient s’ajouter à celle de nombreuses collectivités», a-t-elle estimé.