Pendant ce temps, à Cannes, c’est l’Histoire de Souleymane et c’est l’histoire d’Abou Sangare. La première histoire est une fiction de Boris Lojkine (Hope, Camille) arrachant nos tripes pour les jeter en pleine mer Méditerranée. Concourant dans la sélection Un certain regard, elle est en grande partie alimentée par la seconde, réelle cette fois, de son acteur principal, jeune Guinéen de 23 ans arrivé en France il y a six ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français tombée quelques semaines avant le début du festival. Dans les deux histoires, il est question d’un rôle à jouer, qui pourrait changer une vie. La manière dont le film fait sobrement ricocher l’une sur l’autre, en déployant délicatement son mille-feuille d’identités et de secrets, achève d’en faire autre chose qu’un simple drame social instructif sur les invisibles d’aujourd’hui.
La caméra suit le vélo de Souleymane, livreur sans papiers répétant studieusement pendant ses trajets le texte du personnage qu’il devra bientôt incarner, de la façon la plus crédible possible, devant une agente (Nina Meurisse) de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). En effet, lui certifie un coach en demande d’asile (Alpha Oumar Sow), s’il veut op