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Cannes

«On espère que Cannes augmente ses chances» : derrière «l’Histoire de Souleymane», la menace d’expulsion d’Abou Sangare

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Abou Sangare, Guinéen de 23 ans, demandeur d’asile et premier rôle du film de Boris Lojkine, est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Lors de la projection au Festival, le jeune acteur non professionnel a récolté de longues minutes d’ovation.
Abou Sangare, jeune Guinéen de 23 ans, demandeur d’asile et premier rôle du film de Boris Lojkine, à Cannes le 20 mai 2024. (Laura Stevens/Modds)
publié le 21 mai 2024 à 20h02

Pendant ce temps, à Cannes, c’est l’Histoire de Souleymane et c’est l’histoire d’Abou Sangare. La première histoire est une fiction de Boris Lojkine (Hope, Camille) arrachant nos tripes pour les jeter en pleine mer Méditerranée. Concourant dans la sélection Un certain regard, elle est en grande partie alimentée par la seconde, réelle cette fois, de son acteur principal, jeune Guinéen de 23 ans arrivé en France il y a six ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français tombée quelques semaines avant le début du festival. Dans les deux histoires, il est question d’un rôle à jouer, qui pourrait changer une vie. La manière dont le film fait sobrement ricocher l’une sur l’autre, en déployant délicatement son mille-feuille d’identités et de secrets, achève d’en faire autre chose qu’un simple drame social instructif sur les invisibles d’aujourd’hui.

La caméra suit le vélo de Souleymane, livreur sans papiers répétant studieusement pendant ses trajets le texte du personnage qu’il devra bientôt incarner, de la façon la plus crédible possible, devant une agente (Nina Meurisse) de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). En effet, lui certifie un coach en demande d’asile (Alpha Oumar Sow), s’il veut op