Danser coûte que coûte, pour se retrouver, célébrer la jeunesse des corps, qui tournoient «ventre à ventre» en ignorant le qu’en-dira-t-on. Danser au fond des bois, dans les champs, dans la cour d’une ferme ou un café aux volets bien clos, pour déjouer la répression : en mai 1940, dans la France vaincue par l’Allemagne nazie, les bals entrent en clandestinité. C’est le régime de Vichy qui siffle la fin de la fête en conspuant la «dansomanie» qui a gagné le pays durant l’entre-deux-guerres et «l’esprit de jouissance» qui, selon Pétain, aurait conduit à la défaite et à la corruption des mœurs. Passée la sidération, le bal réapparaît dans les campagnes, souvent la nuit, malgré l’interdiction que les gendarmes s’appliquent à faire respecter. Ce n’est qu’en avril 1945 que le gouvernement issu de la Résistance rétablit la «liberté de la danse» sur l’ensemble du territoire.
Soixante-seize ans plus tard, le 9 juillet, les discothèques ont enfin été autorisées à rouvrir, après quinze mois de fermeture causée par la pandémie. L’actualité des confinements successifs a été émaillée de ces histoires de fêtes sauvages et de boîtes de nuit pirates. Mi-juin, un teknival, par essence hors-la-loi, a été une fois de plus durement réprimé à Redon, en Ille-et-V