Le pass culture méchamment raboté. Après avoir annoncé le gel jusqu’à la fin de l’année scolaire, de la part collective du Pass Culture - un dispositif qui permet de financer des projets et sorties culturels de collégiens et lycéens - le ministère de la Culture a émis l’hypothèse de supprimer les crédits individuels accordés aux moins de 17 ans. C’est «en cours d’examen» par le gouvernement, a révélé lundi 3 février le cabinet de la ministre Rachida Dati. Depuis janvier 2022, les jeunes de 15 ans bénéficient d’une somme de 20 euros pour acheter des biens culturels. A 16 et 17 ans, ils disposent de 30 euros, et les majeurs, de 300 euros. Cette réforme envisagée par le ministère de la Culture correspond donc à une réduction de 50 euros sur le montant global du pass culture.
Une suppression en discussion
Jeudi 30 janvier, devant les sénateurs, la ministre de la Culture avait annoncé qu’elle prévoyait de supprimer cette allocation avant l’âge de 17 ans. «Dans la réforme, je souhaite que la part individuelle commence à […] 17 ans» avait-elle déclaré, ajoutant que la somme présente sur le pass culture pourrait être «majorée […] pour les boursiers». Interrogé sur ces déclarations, son cabinet a précisé lundi que «ce point reste en cours d’examen à ce stade», dans le cadre «d’une actualisation de la situation budgétaire pour le pass culture» après la commission mixte paritaire sur le budget, et «qu’il n’y avait rien d’acté».
Le pass culture décrié
Très largement adopté par les jeunes, ce projet lancé par Emmanuel Macron en 2022 représente une dépense d’un peu plus de 200 millions d’euros par an pour l’Etat. Mais malgré sa popularité chez les adolescents, la ministre de la Culture avait déclaré, dès son arrivée au gouvernement vouloir réformer ce dispositif, très critiqué au sein de l’hémicycle comme dans le secteur culturel depuis sa mise en place.
Politiques culturelles
En effet, alors que le pass culture devait permettre de réduire les inégalités, la Cour des comptes a estimé fin 2024 que celles-ci persistaient et que le dispositif avait échoué à rapprocher de la culture les jeunes qui en sont les plus éloignés. En outre, le rapport de la haute juridiction révélait que les crédits du pass étaient principalement utilisés pour acheter des mangas et qu’ils étaient peu consacrés au spectacle vivant, ce qui n’a fait qu’amplifier les critiques. Le pass est également accusé de profiter aux structures culturelles les plus installées, et d’alimenter la grosse industrie, contribuant à creuser le gouffre entre grands et petits.
Cette déclaration survient quelques jours seulement après l’annonce du gel d’une partie du pass dite «collective», permettant de financer des sorties culturelles pour les classes de collèges et lycées. Celle-ci est désormais bloquée jusqu’à la fin de l’année scolaire, une décision qui a révolté enseignants et professionnels du secteur de la culture.