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Critique

«Peacock Dreams» : Abdullah Miniawy, oiseau très rare de la musique égyptienne

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Le poète et chanteur mêle voix envoûtante et trombones dans son nouvel album. Une musique et des textes qui se veulent sans frontières ni œillères.
Abdullah Miniawy avec les trombonistes Jules Boittin et Robinson Khoury. (Dario Holtz)
publié le 26 juin 2025 à 21h52

Une voix et deux trombones, voilà une configuration pas du genre banal qui avère d’une réelle originalité musicale, dès le premier titre, une Danse du ventre aux atours diablement envoûtants et détours sacrément planants. «En plaçant le trombone au centre, ça me projette dans une nouvelle lumière. Tu savais que les cuivres, autrefois, étaient réservés aux moines ? Ils n’étaient pas destinés au peuple. On les utilisait pour chasser les mauvais esprits.» Poète et chanteur, l’érudit Abdullah Miniawy confirme ainsi dans son nouvel album Peacock Dreams son goût pour le défi, lui dont la voix magnifie à la manière des chantres soufis chaque vers qu’il a ciselé pour confectionner ce recueil, dont la beauté se révèle un peu plus à chaque écoute. C’est toujours bon signe.

«Peacok Dreams traduit une relation complexe : celle d’un poète qui perd ses couleurs et d’un paon qui les perd aussi. Tous deux se regardent, jaloux, amers. J’ai inventé ce concept en pensant à mes propres couleurs, celles que j’ai vu disparaître peu à peu dans l’hiver européen, dans l’été égyptien. Et puis, le paon, c’est aussi une métaphore. L’orgueil vide. On lui a donné tant de beauté mais on lui a refusé l’art de voler.» Pratiquant l’art de l’allégorie, l’Egyptien produit une musique tout en paraboles, à l’image du dessin qui orne la pochette, un autoportrait haut en couleurs qui peut dévoiler une face plus sombre du personnage. Ce n’est pas la moindre ambiguïté de cette forte